Le Bouquetin des Alpes est un animal de haute montagne, peut être l'ancêtre
de la chèvre domestique. Il vit dans les zones rocheuses d'altitude.
Le mâle
du Bouquetin des Alpes (Capra hircus ibex L.) se reconnaît à des grandes cornes, qui atteignent 15 kg,
mesurent 70 cm (parfois 90 cm), avec lesquelles il peut se gratter le dos.
Appelé bouc, le mâle pèse de 75 à 120 kg, mesure 140 à 155
cm pour une hauteur au garrot de 67 à 85 cm. Les cornes du bouquetin ne
tombent jamais.
La femelle, ou étagne, est plus petite que le mâle. Elle pèse
environ 50 kg. On la reconnaît à ses cornes beaucoup plus courtes (moins
de 25 cm), très fines et sans bosses. Plus pointues, elles sont aussi plus
dangereuses. Elle est plus difficile à approcher que le mâle.
Les sabots antérieurs sont plus nettement développés que les sabots
postérieurs. Le Bouquetin est ainsi parfaitement adapté au rocher.
détour pour éviter la neige
Il évite les névés car il s'enfonce beaucoup dans la neige où les
déplacements sont trop épuisants. Les Bouquetins font donc des détours en
passant par les rochers et falaises pour éviter les couloirs enneigés. Sinon,
ils traversent un par un, pour éviter les risques d'avalanche, en formant une
seule piste caractéristique.
Le bouquetin évite également la forêt (contrairement au Chamois),
mais il peut s'abriter sous des arbres isolés.
Il passe la nuit dans des endroits couverts, secs en protégés du vent, comme
les grottes et replis de terrain.
Le Bouquetin peut sauter plus de 6 mètres de longeur, et galoper à
plus de 70 km/h sur terrain plat.
Apparu il y a 14 000 ans, le Bouquetin est dessiné dans 47 grottes
paléolitiques rien qu'en Dordogne!
Autrefois très courant dans les Alpes françaises, le Bouquetin abondait
jusqu'au XVIème siècle. Mais il a été trop fortement chassé et braconné, à partir de 1550 environ. Peu méfiant, il faisait une cible
trop facile, et les cornes des mâles étaient très recherchées comme
trophées de chasse.
L'espèce a failli bien disparaître vers 1820, il ne restait alors qu'une
centaine de bêtes. Ainsi, il ne restait que 7 Bouquetins dans le Massif du
Mont-Blanc en 1866, où il disparut en 1870.
Heureusement, le roi Victor-Emannuel II (en Italie) fit protéger les derniers individus
dans une réserve privée près de Valsavaranche.
Cette dernière population relictuelle, dans le Val d'Aoste en Italie, a permis
de repeupler les Alpes. Ils sont plus de 7000 aujourd'hui.
Le Bouquetin a ainsi été réintroduit en Suisse en 1906, puis en France dans
les Alpes (réserve de la Vanoise dans un premier temps) et les Pyrénées.
Il ne s'installe pas forcément sur le lieu de lâcher, mais choisit lui même
un endroit rocheux qui lui convient, où il reste.
4 - Suivi scientifique des populations
Les mâles et les femelles vivent en hordes distinctes. Les mâles se
localisent en haute altitude, tandis que femelles et jeunes se trouvent plus
bas.
Le Bouquetin est un ongulé indolent et calme, donc facile à
chasser. Il craint fortement les chiens. L'espèce est aujourd'hui protégée.
La distance de fuite du Bouquetin est assez faible (50 mètres, parfois moins),
il est donc plus facile à approcher que le Chamois (toujours très vif et
méfiant) donc un mauvais fusil pourrait l'atteindre beaucoup plus
facilement.
Bien qu'il soit maintenant protégé partout en France, le Bouquetin ne cherche pas un habitat à
plus faible altitude.
6 - Sens
Le Bouquetin émet un sifflement nasal bref qui sert de signal d'alerte.
7 - Traces et empreintes
poils de bouquetin
Lors de la mue de printemps, le bouquetin perd son pelage brun
foncé qui s'éclaircit nettement. Il n'y a qu'une seule mue par an, de
juin à mi-juillet. Des touffes de
poils restent alors accrochées dans les ronces et buissons épineux.
Les animaux se frottent alors sur les rochers
pour retirer leur chaude fourrure brune.
crottes de bouquetin
Les crottes de bouquetin sont noires, rondes-ovales (1,5 cm), et disposées petits en tas.
Elles ressemblent fortement
à celles du mouton domestique (confusion possible), mais on les trouve
évidemment toute l'année, même là où les troupeaux de moutons sont
absents en hiver.
empreinte
Les empreintes du Bouquetin mesurent 5,5 cm. Les sabots ont des
bords concaves, le dessous de la patte est poilu.
Piste de bouquetin (images d'empreintes: Volcelest).
8 - Alimentation
L'anuimal est essentiellement diurne. Il s'active durant deux
périoides par jour, avant le lever du soleil et les premières heures du jour,
et le soir avant la tombée de la nuit. Il se repose et rumine le reste du
temps.
alimentation au printemps
Le Bouquetin mange jusqu'à 20 kg par jour, de préférence des Fétuques de
montagne (Fétuque ovine), ou diverses Graminées, mais aussi des lichens, des
rameaux de Genévrier ou certains Chardons. Il recherche le sel, comme les
chamois, mais boit très peu, dans des flaques ou des petits ruisseaux calmes,
rarement dans des torrents. La rosée sur les feuilles lui suffit en
général.
rechercher l'herbe rase...
La neige d'automne incite les animaux à descendre, mais ils le font le moins
possible, en restant dans les pentes raides où la neige ne tient pas et où
subsiste une herbe rase, ou une rare végétation accessible: lichens, mousses. Il peut aussi
gratter la neige pour se nourrir.
On rencontre parfois le Bouquetin avec des moutons.
groupe de mâles qui ruminent
Le bouquetin aime se prélasser sur des terrasses herbeuses bien exposées au
soleil. Les emplacements de sieste sont choisis en position bien dégagée et
dominante pour pouvoir surveiller le terrain en aval (éperon rocheux,
corniche). Le Bouquetin s'agenouille pour ruminer, et semble alors
méditer avec indolence.
9 - Cycle de reproduction
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Rut
Décembre-Janvier
Gestation
170 jours
Mise bas
Juin
Allaitement
trois mois
Sevrage
Octobre
combat de cornes
Le bouquetin est polygame. Il y a un mâle dominant par groupe, qui
s'impose après un combat de coups de cornes.
Ces combats sont discrets et rarement violents, et s'échelonnent toute
l'année. Les vieux individus sont souvent les dominants.
Le rut a lieu de début Décembre à mi-Janvier. Les animaux se
regroupent alors en grandes bandes. Le bouc poursuit alors
l'étagne durant de longues heures, langue pendante et les cornes rejetées en
arrière. La monte est probablement nocturne.
La mise bas a lieu vers mi-Juin, après 170 de gestation, dans un endroit
inaccessible. Il naît un petit
à la fois, très rarement deux. (Il n'y aurait une naissance qu'une année sur
deux). L'étagne chasse alors le cabri de l'année
précédente. Le jeune cabri est une proie facile de l'aigle. Il marche et
saute quelques heures après sa naissance. Il piaule quand il a faim, et sera
sevré mi-Septembre.
La maturité sexuelle des boucs est atteinte vers 18 mois, 2 ans pour les
étagnes, avant les premières joutes nuptiales qui débutent vers l'âge de 3
ans.
10 - Comportement
Le Bouquetin est un expert en terrain rocheux, où il grimpe malgré ses 100 kg. Il s'y
cantonne entre 2700 m et 3300 mètres d'altitude (record d'altitude: 3500
mètres). Les Bouquetins adorent jouer, sauter et gambader avec agilité dans
des couloirs raides.
Par temps de pluie ou de neige, le Bouquetin s'abrite au sec sous un rocher.
Les femelles et les jeunes sont les plus matinaux en
hiver. Au printemps, les Bouquetins affamés peuvent descendre près des cultures,
puis ils remontent en suivant la fonte des neiges.
Les troupeaux peuvent parfois compter une centaine de boucs. Les hardes de
femelles sont conduites par une étagne de 10 à 15 ans.
femelle et son petit
Chaque femelle a deux petits, celui de l'année et le cabri de l'année
précédente. Les jeunes bouquetins sont abandonnés à leur sort vers 7 ou 8
mois par les étagnes, avant l'hiver.
Femelles et jeunes sont plus farouches que les mâles, et les très vieux Bouquetins vivent en solitaires.
grattage de dos
Le Bouquetin se gratte souvent le dos avec ses cornes, les yeux mi-clos,
dans une position cocasse.
sieste de bouquetin
Il fait la sieste, vautré dans l'herbe comme un roi paresseux...
11 - Age et longévité
corne de mâle
Les tuberosités des cornes des Bouquetins ne permettent pas de compter leur
âge. Ce sont les stries de croissance de l'encornure qu'il faut compter pour
cela, car la corne est formée d'une suite d'étuis emboités. Le Bouquetin peut
atteindre 20 ans. Les cornes peuvent mesurer 1 mètre chez le mâle, moins de 25
cm chez les femelles.
Photo d'une corne d'un bouquetin mâle: chaque point rouge indique une strie
de croissance.
cliquez pour agrandir le cliché (Rolland 2004).
12 - Photographies
Une série de photos de bouquetins, étagnes et jeunes est rassemblée ici.
Tous font partie de la population des Sept Laux, dans le massif de Belledonne,
en Isère (38) (secteur du Rivier d'Allemont, fin mai 2004).
Petite harde de 6
bouquetins mâles
Un jeune bouquetin vu de
profil
bouquetin (juvénile,
petites cornes)
siete dans l'herbe
vu de dos
alimentation dans les
rochers
animal 59
animal 70-71
animal 130
bouquetin
combat de cornes
petit bouquetin
deux mâles
contournement de névé
grattage du dos
un vieux mâle
alimentation dans un
pierrier
abri sous un arbre
étagne
étagne et son petit
2 mâles
portrait d'un bouquetin
mâle
Un très jeune bouquetin
(cornes de la taille des oreilles)
FICHESSER Bernard (1992). La vie de la
montagne. Ed. Chêne-Hachette, 260 p.
ISBN 2-85108-314-7.
HUTTER Pierre, GLAUSER Michel. (1974).
Les Chamois et les Bouquetins. Série
"Comment vivent-ils?" Volume 1, Atlas Visuels Payot, Lausanne. 76 p.
(pp 41-76).
HUTTER Pierre (1989). Chamois et
Bouquetins. Ed: Payot.
POUYE Martine. Connaissance de la faune de montagne : Bouquetins et Chamois.
Ed: Glénat.