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Table des matières: Résumé - Introduction - Echantillonnage | |
Le Site d'étude - Méthode EFP ( Echantillonnage Fréquentiel Progressif) | |
Calcul de barycentre d'altitude - Profil de répartition selon l'altitude - Amplitude d'une espèce | |
Résultats et discussion | Altitude des sites étudiés - Nombre d'espèces par altitude - Profils de répartition: |
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Amplitude écologique - Conclusions - Bibliographie - Réalisation |
L'avifaune
du Massif du Vercors et des vallées limitrophes a été étudiée par
échantillonnage fréquentiel progressif (EFP) au moyen de 462 points
d'écoutes, répartis sur un maillage rectangulaire régulier.
Ce réseau s'étend sur les départements de l'Isère (38) et de la Drôme (26),
en région Rhône-Alpes (France). Il couvre le Parc Naturel Régional du Vercors
(PNRV) dans sa totalité, ainsi que toute sa bordure Est. 140 espèces d'oiseaux
ont ainsi été recensées. La répartition de chacune d'entre elles a alors
été analysée en fonction de l'altitude.
Jusqu'à 1000 mètres d'altitude, le nombre d'espèces répertoriées par site
reste stable (entre 15,7 et 18,3), puis il chute progressivement à 7 espèces
à 2200 mètres. Pour chaque espèce, le barycentre et l'amplitude de
répartition sont calculés, en corrigeant l'effet de suréchantillonnage de
certaines altitudes. De plus, 93 profils de répartition selon l'altitude sont
détaillés ici. Ils ont été établis sur toute l'étendue d'altitudes, entre
100 et 2200 mètres. Leur comparaison apporte de nombreuses données
quantitatives sur l'écologie des oiseaux de montagne dans le massif du Vercors.
En
zone de montagne, l'avifaune se répartit de manière particulièrement
complexe, compte tenu de la variété des types de biotopes différents que l'on
peut rencontrer sur une petite superficie, en liason avec les changements
d'altitude (DEJONGHE,
1984). En effet, la zone de répartition d'une espèce résulte de la
conformité des facteurs du milieu avec ses exigences écologiques.
Ces
facteurs sont variés, faisant intervenir simultanément les caractéristiques
du milieu (présence d'eau, de torrents, de falaises), des paysages (zones
ouvertes ou boisées, clairières), de la végétation (source de nourriture
grâce aux graines ou insectes et sites de nidification), du climat qui limite
la présence de certaines espèces, ainsi que des influences anthropiques.
De
nombreuses études régionales ont déjà été consacrées à l'étude de la
répartition de l'avifaune en zone de montagne dans les Alpes françaises,
notamment en Haute-Maurienne (LEBRETON,
TOURNIER, BARRUEL, 1972), (LEBRETON,
1981), en Vanoise (LEBRETON,
TOURNIER, LEBRETON J.D., 1976), en Savoie (TOURNIER,
1976), (TOURNIER,
LEBRETON, MAGNOULOUX, BETHMONT, 1979) ou encore dans le Haut-Giffre (DESMET,
1982, 1984).
Dans
le Massif du Vercors, les rares travaux consacrés spécifiquement à l'avifaune
concernent essentiellement l'inventaire des espèces de la réserve des
Hauts-Plateaux (ARIAGNO,
DELAGE, 1970), la publication de listes d'oiseaux nicheurs dans le
massif (PNRV,
1976), (LEBRETON,
1977), ou encore des études sur des espèces précises comme le
Tétras-Lyre (PNRV,
1985, 1987).
Pour
pallier ce manque de données, le Parc Naturel Régional du Vercors (PNRV) a
entrepris un recensement spatial des espèces d'oiseaux basé sur une
prospection systématique selon un maillage régulier (CHOISY,
1982).
L'objectif
de cette étude est de dépouiller les premiers résultats de cette prospection,
au moyen d'une méthode informatique. Etant donné que parmi les multiples
facteurs modulant la distribution spatiale des espèces, l'altitude joue un
rôle particulièrement fondamental, nous nous limiterons ici dans un premier
temps à ce seul paramètre.
En effet, l'altitude agit à la fois par l'intermédiaire du climat (gradients
de température et de précipitations, gel, enneigement) et par l'intermédiaire
de la succession des étages de végétation, qui modifie les types de
biotopes.
Nous
examinerons comment les principales espèces d'oiseaux du Vercors sont
réparties selon l'altitude, en représentant pour chacune d'elles son profil de
répartition altitudinal. Ces résultats seront ensuite comparés avec ceux
obtenus par d'autres auteurs avec des méthodes similaires dans des régions
voisines (telles que le Haut-Giffre).
Le site étudié comporte le Parc Naturel Régional du Vercors (PNRV) ainsi que les vallées limitrophes. La zone retenue est située entre 3 rivières: l'Isère, le Rhône et la Drôme (Fig. 1). Le secteur a été découpé selon un maillage rectangulaire, dont la maille mesure 0,04° de côté en latitude et 0,03° en longitude. Tous les points sont situés à l'intérieur d'une bande rectangulaire s'étendant de 49,64° à 50,34° en latitude Nord, et de 2,67° à 3,78° en longitude Est, ce qui représente une grille de 18 x 37 points selon ces directions. Seuls les points situés dans la zone d'étude sont retenus. | |
(cliquez sur la carte de localisation pour
l'agrandir) Carte de localisation de la zone étudiée; Le massif du Vercors et les vallées limitrophes. |
En
chaque point, une écoute selon la méthode des échantillonnages fréquentiels
progressifs (BLONDEL,
1975) a été réalisée par Jean-Pierre CHOISY, soit 462 relevés au
total (246 points en 1982, et 216 en 1983).
Durant 20 minutes, toutes les espèces d'oiseaux vues ou entendues sont notées
par tranches de 5 minutes. Les caractéristiques des sites sont également
relevées: altitude, pente, exposition, végétation, formes (futaies,
prairies...) et éléments présents dans le milieu (ruisseau, arbres isolés,
etc). (voir le formulaire de terrain).
Ces relevés sont réalisés au printemps, à partir de début mars (50 % des
écoutes ont été faites avant fin avril, et 87 % avant fin mai), et tôt le
matin (dans 79 % des cas avant 10 heures).
Trois procédés peuvent à priori être envisagés pour calculer l'altitude moyenne de répartition d'une espèce.
Altitudedemi-somme = ½ *(AltitudeMinimum + AltitudeMaximum) |
Il suffit de repérer les altitudes minimale et maximale de répartition d'une espèce, parmi les relevés dans lesquels elle est présente. Cependant, ces deux valeurs estiment assez mal l'amplitude de répartition réelle. En effet, il est possible qu'une espèce ne soit pas observée à des altitudes extrêmes où elle devient moins abondante. A l'inverse, on peut parfois observer des cas sporadiques d'oiseaux nettement en dehors de leur étage habituel. Malgré ces imprécisions, les altitudes extrêmes constituent un paramètre simple pour caractériser la répartition en altitude des espèces.
Dans le cas où toutes les tranches d'altitudes sont échantillonnés de façon égale, l'altitude moyenne d'une espèce (AltitudeMoyenne) est la moyenne arithmétique de toutes les altitudes où l'espèce a été rencontrée:
i = N | ||
AltitudeMoyenne = | 1 / Nobservé * | ∑ Alti( i )* Nobservé( i ) |
i = 1 |
N
= nombre total de tranches d'altitude (ici N = 22)
i = numéro de la tranche d'altitude (de 1 à 22)
Alti( i ) = i ème tranche d'altitude (100 m, 200 m, 300
m,...)
Nobservé = nombre total d'observations de l'espèce = ∑
Nobs( i )
Nobservé( i ) = nombre d'observations dans la tranche
d'altitude ( i )
Dans le cas où les différentes altitudes ne sont pas toutes autant prospectées, il faut corriger ce biais en calculant le barycentre pondéré des altitudes. En effet, quand on utilise un maillage régulier de l'espace, le temps passé à échantillonner dans chaque tranche d'altitude est variable. Ceci conduirait alors à surestimer l'importance des altitudes les plus fréquentes. C'est pourquoi on effectue une correction en pondérant chaque altitude par son taux d'échantillonnage, qui est le rapport du nombre de cas où l'espèce est observée divisé par le nombre de sites prospectés à cette altitude.
i = N | |
∑ Alti( i )* Nobservé( i ) / Nprospecté( i ) | |
i = 1 | |
AltitudeBarycentre = | ______________________________ |
i = N | |
∑ Nobservé( i ) / Nprospecté( i ) | |
i = 1 |
Nprospecté(
i ) = Nombre de points d'écoute prospectés à l'altitude i.
La même correction est utilisée pour obtenir le profil de répartition selon l'altitude pour chaque espèce. Celui-ci est constitué par la série des N pourcentages de présence de l'espèce dans chaque tranche d'altitude (i):
Pi (en %) = Nobservé( i ) / Nprospecté( i ) * 100 ( i de 1 à N). |
Il n'est pas utile de lisser par filtrage les profils, compte tenu de la taille ici très suffisante de l'échantillonnage.
Enfin,
plutôt que de définir l'amplitude de répartition d'une espèce donnée par la
différence entre les deux altitudes extrêmes où l'espèce a été observée,
il est préférable de la calculer à partir du concept d'entropie, qui prend en
compte tout le profil au lieu des deux points extrêmes seulement.
Rappelons que l'amplitude écologique de répartition s'obtient à partir de
l'entropie S par la relation:
i = N | i = N | ||
S = | - ∑ Pi * Ln (Pi) (DAGET, GODRON, 1982) | avec | ∑ Pi = 1 |
i = 1 | i = 1 | ||
d'où: | Amplitude = Exp( S )* LargeurClasse |
LargeurClasse = Largeur d'une classe (ici 100 m).
A titre d'exemple, supposons qu'une espèce ait été rencontrée uniquement entre 100 et 700 mètres d'altitude, dans 12 sites prospectés sur un total de 30:
Altitude m. | 100 m | 200 m | 300 m | 400 m | 500 m | 600 m | 700 m |
Total |
Prospecté | 10 | 3 | 5 | 4 | 3 | 3 | 2 | 30 |
Observé | 1 | 3 | 2 | 2 | 2 | 1 | 1 | 12 |
Pi = Obs / Pro | 0,10 | 1,00 | 0,40 | 0,50 | 0,67 | 0,33 | 0,50 | 3,5 |
Profil (en %) | 10 | 100 | 40 | 50 | 67 | 33 | 50 | |
pi (x 100) normalisé | 2.85 | 28.57 | 11.42 | 14.28 | 19.14 | 9.42 | 14.28 | 100 |
pi * ln (pi) | -0,101 | -0,.357 | -0,247 | -0,277 | -0,316 | -0,222 | -0,277 | -1,801 |
Obs*Alt | 100 | 600 | 600 | 800 | 1000 | 600 | 700 | 4400 |
Pi*Alt | 10 | 200 | 120 | 200 | 333 | 200 | 350 | 1413 |
La demi somme des extrêmes donne ½ * (100 + 700) = 400 mètres.
La moyenne arithmétique (non pondérée) vaut 4400 / 12 = 367 m.
La
moyenne pondérée par le taux d'échantillonnage vaut 1413 / 3,5 = 404
mètres.
Ainsi, la moyenne des extrêmes ou la simple moyenne arithmétique ne
fournissent qu'une estimation grossière de la répartition d'une espèce
d'oiseau selon l'altitude. En revanche, la moyenne pondérée par le ratio
d'échantillonnage traduit nettement mieux la répartition réelle de
l'espèce.
Dans
cet exemple, l'amplitude de répartition vaut quant à elle: Exp(1,801)*100
= 606 mètres.
Altitude |
Profil (%) |
|
700 m | ■■■■■ | |
600 m | ■■■ | |
500 m | ■■■■■■■ | |
400 m | ■■■■■ | ←altitude moyenne |
300 m | ■■■■ | |
200 m | ■■■■■■■■■■ | |
100 m | ■ |
Les altitudes des sites échantillonnés varient avec une grande amplitude, entre 75 mètres (Loriol, Liveron dans la Drôme) et 2150 mètres (Grand Veymont, point culminant du Vercors à 2341 mètres). La moitié des sites sont en dessous de 500 mètres, et les trois quarts sous 900 mètres. Les étages collinéen et montagnard sont donc bien représentés ici. De plus, grâce à cet échantillonnage c'est une large plage d'altitudes qui va pouvoir être analysée.
Le
nombre moyen d'espèces observées est de 15,5 par tranche d'altitude de
100 m de largeur, le maximum observé étant de 18,3 espèces à 700 m
d'altitude (Fig. 2). Ces chiffres dépassent donc nettement ceux obtenus avec la même méthode des EFP dans le Haut-Giffre, où le maximum culmine à 13 espèces vers 1000 m (DESMET, 1982, fig 23). |
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(cliquez sur la figure pour l'agrandir) Nombre moyen d'espèces d'oiseaux dans le Vercors par tranches d'altitude de 100 m. |
Dans le Vercors, le nombre d'espèces reste assez stable et compris entre 15,7 et 18,3 jusqu'à 1000 mètres, puis il chute progressivement à 7 espèces à 2200 mètres (contre 3,5 seulement dans le Haut-Giffre à la même altitude). La diminution est par ailleurs nettement plus progressive. La richesse avifaunistique semble donc supérieure dans le Vercors, et décroît moins vite avec l'altitude. D'ailleurs, 140 espèces y ont été recensées avec 462 relevés, contre 94 espèces avec 628 relevés dans le Haut-Giffre (DESMET, 1982).
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A titre de
comparaison, 376 relevés en Tarentaise ont permi à Lebreton et
Tournier d'inventorier 98 espèces La décroissance de la richesse spécifique avec l'altitude peut être modélisée en Tarentaise par: Nombre d'espèces = 0,00737 x Altitude (m) +21,75 (avec R2 = 0.66 et N = 376 sites). Elle est donc beaucoup plus régulière que dans le Vercors, sans l'effet de plateau. |
Cliquez sur la figure pour l'agrandir Nombre d'espèces d'oiseaux en Tarentaise selon l'altitude. Calculé d'après des données de Lebreton et Tournier. |
Les
profils de répartition selon l'altitude sont présentés ici pour les 93
principales espèces, regroupées par familles. (47 espèces d'oiseaux rarement
observés ont été éliminées ici). Pour faciliter la comparaison avec les 55
profils publiés par DESMET dans le Haut-Giffre (DESMET,
1982), la même présentation a été adoptée pour les graphiques
(Figures 3 et suivantes).
Les Mésanges (Sept espèces, famille des Parideae). |
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Figure 3 |
Répartition de sept espèces de Mésanges selon l'altitude (bleue, à longue queue, charbonnière, nonette, huppée, noire, boréale). |
Alors
que dans le Haut-Giffre aucune des Mésanges ne dépassait 1850 mètres (DESMET,
1982), c'est le cas dans le Massif du Vercors pour la Mésange
huppée et la Mésange noire (qui atteignent respectivement 2000 et 1900 m)
(Figure 3). En effet, ces 2 espèces vivent essentiellement dans les forêts de
conifères. Leur record d'altitude est lié dans le Vercors à la présence
d'une pinède de Pin à crochets sur les Hauts-Plateaux (classée en réserve
naturelle).
Par ailleurs, la limite située vers 1100 mètres sépare assez bien les
Mésanges nonettes (en dessous) des Mésanges Boréales (en dessus),
généralement difficiles à distinguer.
Le tableau suivant indique le pourcentage (obtenu par cumul des profils) de ces
deux espèces de Mésanges observées en dessous de quelques altitudes:
Altitude (m) | 900 m | 1000 m | 1100 m | 1200 m |
Mésange boréale | 8 % | 11 % | 28 % | 53 % |
Mésange nonnette | 85 % | 89 % | 93 % | 93 % |
Ainsi,
93 % des Mésanges nonnettes vivent en dessous de 1100 mètres, tandis que
seulement 8 % de Mésanges boréales se rencontrent en dessous de 900 m.
Nos résultats font également bien ressortir l'opposition entre la Mésange
charbonnière et la Mésange noire, dont les formes de profils sont exactement
inversées, traduisant le passage des forêts feuillues aux forêts de
résineux.
Enfin, la Mésange bleue et la Mésange à longue-queue ne dépassent pas 1200
mètres, car elles sont liées à la présence de feuillus (elles atteignent
cependant 1600 m dans le Haut-Giffre).
Grimpereaux (2 espèces), Rossignol, Troglodyte, Sitelle et Rouge-Gorge. |
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Figure 4 |
Répartition selon l'altitude des Grimperaux (des jardins et des bois), Rossignol, Sitelle, Troglodyte, Rouge-Gorge. |
-
On rencontre 97 % des grimpereaux des jardins en dessous de 900 m, contre
seulement 40 % des Grimpereaux des bois (Figure 4), ce qui souligne la tendance
nettement plus montagnarde de ce dernier.
- Les larges profils du Troglodyte et du Rouge-Gorge caractérisent bien
le caractère très ubiquiste de ces espèces, qui restent abondantes même en
altitude jusque vers 1800 mètres.
- Le Rossignol philomèle se cantonne quant à lui essentiellement en plaine (en
dessous de 1100 m).
Martinet noir, Hirondelles (4 espèces) et Alouettes (2 espèces). |
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Figure 5 |
Répartition selon l'altitude du Martinet noir, des Hirondelles (de cheminée, de fenêtre, de rochers, de rivage) et des Alouettes (des champs, lulu). |
-
Le Martinet noir et l'Hirondelle de cheminée présentent tous deux des
profils assez voisins (Figure 5).
- L'Alouette lulu est fréquente vers 1900 m, en raison de la présence de
landes à cette altitude, tandis que l'Alouette des champs présente un profil
à trois maximums, situés respectivement entre 200 et 400 m (cultures dans les
vallées limitrophes du Vercors), entre 900 et 1100 m (prairies et pâtures des
vastes plateaux du Vercors) et à 1700 m (c'est à dire dans les pâturages du
subalpin). Ainsi, cette espèce apparaît être nettement plus sensible à
l'ouverture du couvert qu'à l'altitude.
Moineaux (2 espèces), Etourneau, Bergeronette, Pie-grièche, Pipits (2 espèces). |
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Figure 6 |
Répartition selon l'altitude des Moineaux (friquet et domestique), Etourneau, Bergeronette grise, Pie-grièche, Pipits (des arbres, spioncelle). |
Le
Moineau domestique présente un profil triangulaire pointu, très
caractéristique de la densité de l'habitat humain selon l'altitude, se
raréfiant progressivement jusqu'à 1200 mètres (Figure 6).
Quant au Pipit spioncelle, il prend progressivement le relais du Pipit
des arbres au delà de 1800 mètres, trouvant son optimum dans les alpages du
subalpin.
Turlidés:
Merles (2 espèces) et Grives (3 espèces). |
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Figure 7 |
Répartition selon l'altitude des Merles (noir, à plastron) et Grives (litorne, musicienne, draine) |
Tandis
que le Merle noir ne dépasse pas 1700 mètres, le Merle à plastron ne se
rencontre qu'au dessus de 1200 mètres (Figure 7). Le cumul des pourcentages
montre que 94 % des premiers vivent en dessous de 1300 mètres, contre seulement
13 % des seconds.
Les profils des Grives musicienne et draine sont quant à eux assez
similaires, mais décalés en altitude: La Grive musicienne se rencontre en
moyenne à 978 mètres, contre 1370 mètres pour la Grive draine.
Huppe, Loriot, Torcol et Pics (4 esp). |
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Figure 8 |
Répartition selon l'altitude de la Huppe, Loriot, Torcol, Pic (épeichette, vert, épeiche, noir) |
Les
quatre espèces de Pics se succèdent en altitude dans l'ordre suivant: Pic
épeichette, Pic vert, Pic épeiche et enfin Pic noir (Figure 8). Le Pic vert
atteint 1400 mètres (1350 m dans le Haut-Giffre) et les deux suivants 1700
mètres. Ces résultats sont donc très comparables à ceux de (DESMET,
1982).
Les Corvidés (Pie bavarde, Choucas des tours, Corneille, Geai des Chênes, Grand Corbeau, Chocard à bec jaune). |
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Figure 9 |
Répartition selon l'altitude des Corvidés (Pie bavarde, Choucas des tours, Corneille, Geai des Chênes, Grand Corbeau, Chocard à bec jaune). |
La Pie bavarde
est surtout présente en plaine, et présente une décroissance régulière
jusque vers 1400 mètres (Figure 9).
Rouge-queues
(2 espèces), Traquets (3 espèces) et Roitelets (2 espèces). |
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Figure 10 |
Répartition selon l'altitude des Rouge-queues (noir, à front-blanc), Traquets (pâtre, tarier, motteux) et Roitelets (triple-bandeau, huppé). |
-
Les Rouge-queues sont présents de façon assez similaire à toutes les
altitudes jusqu'à 2000 mètres, le Rouge-queue noir présentant une
distribution nettement bimodale (comme dans le Haut-Giffre): on le trouve en
effet surtout aux deux extrêmes: soit entre 100 et 400 mètres dans les
villages, soit entre 1800 et 2000 m dans les éboulis rocheux (Figure 10).
- En revanche les Traquets se succèdent distinctement en altitude. Ainsi, le
barycentre du Traquet pâtre est situé à 377 mètres, celui du Traquet tarier
à 874 m, et enfin le Traquet motteux à 1997 m.
- Quant aux deux Roitelets, ils présentent dans le Vercors une
différence plus accentuée que dans le Haut-Giffre. Des deux espèces, c'est le
Roitelet huppé qui se rencontre le plus haut, à 1321 m en moyenne, et
présente l'amplitude altitudinale la plus réduite (736 m). A l'inverse, le
Roitelet triple-bandeau se trouve en moyenne plus bas (1054 mètres) tandis que
son amplitude est plus étendue (1426 m). Le premier est en effet plus
spécialisé, préférant nettement les forêts d'épicéas, tandis que le
Roitelet triple-bandeau se rencontre également dans d'autres forêts de
conifères (Sapins) ou même de feuillus.
Rapaces diurnes (Milan noir, Epervier, Faucon crécerelle et pélerin, Buse , Circaète, Bondrée apivore). |
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Figure 11 |
Répartition selon l'altitude des Rapaces diurnes (Milan noir, Epervier d'Europe, Faucon crécerelle et pèlerin, Buse variable, Circaète Jean-le-Blanc, Bondrée apivore) |
On
remarque d'emblée que tous les rapaces diurnes se trouvent en dessous de 1600
mètres, voire 1500 m., et présentent des profils assez allongés (Figure 11).
Seul le Milan noir semble décroître rapidement avec l'augmentation d'altitude,
sans doute en raison de la raréfaction des étendues d'eau.
Fringillidés
(7 espèces). Verdier, Serin cini, Chardonneret,
Linotte, Bouvreuil, Bec-croisé, Venturon. |
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Figure 12 |
Répartition selon l'altitude des Fringillidés (Verdier, Serin cini, Chardonneret, Linotte, Bouvreuil, Bec-croisé, Venturon) |
Le
Verdier et le Serin cini ont des profils assez similaires, diminuant
progressivement jusqu'à 1200 m (Figure 12), alors que le Chardonneret se
rencontre jusqu'à 1400 mètres (campagne cultivée). Par contre, le Bouvreuil
pivoine, le Bec croisé des Sapins et le Venturon montagnard atteignent 2000 m,
avec respectivement des amplitudes de plus en plus réduites.
Espèce |
Barycentre |
Amplitude |
Verdier | 370 m | 748 m |
Serin cini | 402 m | 820 m |
Chardonneret élégant | 653 m | 1065 m |
Linotte mélodieuse | 779 m | 1367 m |
Bouvreuil pivoine | 1247 m | 1348 m |
Bec-croisé des sapins | 1503 m | 1123 m |
Venturon montagnard | 1726 m | 467 m |
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Figure 13 |
Répartition selon l'altitude des Pouillots (fitis, siffleur, de Bonelli, véloce) et Fauvettes (à tête noire, grisette, passerinette). |
Contrairement
au cas du Haut-Giffre, le Pouillot de Bonelli présente ici une large amplitude,
comparable à celle du Pouillot véloce ou de la Fauvette à tête noire (Figure
13).
Pinson des arbres et Bruants (proyer, zizi, ortoloan, jaune, fou). |
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Figure 14 |
Répartition selon l'altitude du Pinson et des Bruants (proyer, zizi, ortoloan, jaune, fou). |
-
Le Pinson des arbres se rencontre abondamment et absolument partout où il y a
des arbres (Figure 14). Cependant, il devient relativement plus rare en dessous
de 300 m, sans doute en raison de l'influence anthropique (cultures en plaine).
En revanche, il atteint 2000 m (limite supérieure des arbres).
- Les cinq espèces de Bruants présentent quant à elles un net
étagement altitudinal.
Espèce | Barycentre | Amplitude |
Bruant proyer | 245 m | 368 m |
Bruant zizi | 408 m | 815 m |
Bruant jaune | 932 m | 782 m |
Bruant fou | 1020 m | 980 m |
Bruant ortolan | 1515 m | 237 m |
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Figure 15 |
Répartition selon l'altitude des Tourterelles (turque, des bois), et des Pigeons (biset, ramier, colombin) |
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Figure 16 |
Répartition selon l'altitude de la Bouscarle de Cetti, Faisan de Colchide, Caille des blés, Hibou petit-duc, Chouette hulotte, Accenteur mouchet, Tétras-Lyre |
Le Coucous gris se rencontre à toutes les altitudes, étant donné le grand nombre d'espèces qu'il est successible de parasiter. Le Tétras-Lyre est surtout présent dans la réserve des Naturelle des Hauts-Plateaux (>1600m).
Enfin, la répartition selon l'altitude des oiseaux inféodés à l'eau (canards, hérons, poule d'eau...) n'a pas été analysée, car la distribution de ces espèces est directement liée à la localisation des plans et cours d'eau.
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Nous avons déterminé pour chaque espèce son barycentre et son amplitude écologique. L'utilisation simultanée de ces deux paramètres permet de caractériser de façon synthétique l'influence de l'altitude sur leur répartition. | |
(cliquez sur la figure pour l'agrandir) Amplitude écologique et barycentre de 140 espèces d'oiseaux du Vercors. |
La
représentation graphique de l'amplitude en fonction du barycentre présente un
aspect en cloche (Figure 17). En effet, les espèces d'oiseaux peuvent être
classées en trois groupes selon leur tendance.
On
distingue en premier lieu des espèces généralistes, qui ont
habituellement un barycentre moyen ( ± 1200 m ) associé à une large
amplitude (points au sommet du graphe, dont l'amplitude dépasse 1400 m).
C'est le cas par exemple du Pinson des arbres (ubiquiste typique), du Coucou
gris, du Troglodyte, du Rouge-Gorge, ou encore du Merle noir. Toutes ces
espèces, peu spécialisées, sont très répandues, et d'intérêt
avifaunistique limité.
En
second lieu apparaissent les espèces intermédiaires (dont l'amplitude est
comprise entre 600 mètres et 1400 mètres environ), au centre du graphe,
telles que l'Hirondelle de fenêtre, la Pie grièche, le Traquet tarier,
etc.
Enfin
on distingue aux extrémités les espèces qui présentent simultanément
une amplitude réduite (en bas) et un barycentre extrême. Les plus
intéressantes sont ici celles à barycentre élevé (donc situées en bas
à droite). Ce sont des espèces spécialisées, comme en témoigne
l'amplitude réduite, et inféodées aux milieux d'altitude, comme par
exemple le Lagopède alpin, le Tichodrome échelette, le Venturon
montagnard, le Merle à plastron, ou encore le Tétras Lyre.
L'opposition
entre les espèces ubiquistes répandues et les espèces spécialisées plus
rares apparaît donc bien sur leurs préférences de répartition altitudinales.
La
méthode des échantillonnages fréquentiels progressifs (EFP) s'avère être un
remarquable outil d'analyse de l'avifaune. De plus, en transformant les données
brutes en profils pour corriger le temps variable passé à échantilonner selon
les tranches d'altitudes, on supprime efficacement cet artefact.
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L'étagement
selon l'altitude des oiseaux du Vercors est résumé sur ces deux
graphiques récapitulatifs. Il est intéressant de comparer des résultats aux données de distribution selon l'altitude des oiseaux Tarentaise (calculées à partir des observations de Tournier et Lebreton). |
plaines
et collines |
montagnes
et |
Pour approfondir le dépouillement de ces données, les autres facteurs
influençant la répartition des espèces, tels que la végétation, les formes
de paysage, ou les éléments présents ont également été analysés.
Nous
tenons à remercier tout particulièrement Gabriel THOMAS qui s'est chargé
d'une part importante de la saisie informatique des données de terrain (base
de données Omnis-7).
Voir la liste des références bibliographiques.
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