1 - Description physique de l'espèce et caractéristiques
La Belette (Mustela nivalis Linné) est un petit mammifère carnassier
qui appartient à la famille des Mustélidés. C'est le plus
petit représentant Européen de cette famille, et le plus petit mammifère
carnivore d’Europe (taille de 20 cm de long, poids de 100g). Ce Mustélidé possède une
queue courte de couleur uniforme,
entièrement brun-roux, ce qui la distingue de tous
les petits carnivores (en particulier de l'Hermine, plus grande, et qui a une
queue à l'extrémité toujours noire en forme de pinceau noir).
Le mot Belette vient de la contraction de "belle petite bête".
Morphologie et anatomie
La Belette est un mammifère de très petite taille, au corps est mince et
allongé. Le pelage du corps est brun sur le dessus, tandis que la gorge, la
poitrine, et le ventre sont blancs ou gris clair, avec une ligne de démarcation
irrégulière (contrairement à l'Hermine). Durant toute l'année, sa robe est plus rousse
que la robe d'été de l'Hermine (qui est entièrement blanche en hiver).
Dans le Nord de l’Europe et en hautes montagnes, le pelage dorsal (jaune roux)
de la Belette s'éclaircit un peu en hiver, et vire au "café au lait".
Les pattes de la belette sont très courtes, brunes, avec le dessous
blanc. Les oreilles sont courtes, à peines visibles.
On observe aussi une tache sombre sur la joue.
Le poids varie beaucoup
d'un sexe à l'autre:
Le mâle est généralement beaucoup plus gros que la femelle. Son corps mesure
de 17 à 22 cm (maximum 25 cm), et sa queue est également plus longue (50 à 65
mm) que chez la femelle. Le poids moyen d'un mâle est de 110 g (entre 60 et 170
g). La
femelle mesure de 16 à 19 cm de long (parfois
20 cm), avec une queue de 40 à 55 mm. Le poids moyen de la femelle est de 60 g
(entre
35 et 90 g).
Le poids d'une Belette est donc celui de seulement trois ou quatre souris grises.
La Belette s'introduit sans aucune difficulté dans un trou de Campagnol des champs.
Elle peut se faufiler à travers un trou minuscule de 23
millimètres de diamètre, gros comme... une pièce de 1 €. (Une femelle
passe dans un trou encore plus petit).
Dans certaines contrées très froides, son pelage est blanc en hiver
(comme l'Hermine).
Mais ce n'est jamais le cas en France. Les individus blancs qu'on peut observer
chez nous sont des albinos aux yeux roses.
Classification de la Belette d'Europe Mustela
nivalis Linné
European common Weasel
Règne
Animalia
Embranchement
Chordata
Sous-embranchement
Gnathostomata
Classe
Mammalia
Sous-classe
Eutheria
Ordre
Carnivora
Sous-ordre
Caniformia
Famille
Mustelidae
Genre
Mustela
Pelage de la Belette : brun dessus,
blanc dessous, queue uniforme, tache sombre sur la joue
3 - Localisation et populations
Répartition géographique mondiale
La Belette se rencontre de l'Europe et du Maghreb
à la Sibérie, au Japon et en Afghanistan.
Elle a été introduite
sur plusieurs îles de l'Atlantique et de la Méditerranée pour combattre les
souris.
Répartition géographique en Europe
La Belette est particulièrement commune dans les régions bocagères. Elle
habite également les bois et les montagnes jusqu'à la limite supérieure de la
forêt.
Elle est commune à travers toute la France (Corse y compris), mais on la
rencontre moins fréquemment en altitude et dans les grands massifs forestiers.
En Wallonie, la Belette se retrouve sur l'ensemble du
territoire.
Elle fréquente les
lisières de bois, les haies, les talus, les buissons, les broussailles, les
villages et les hameaux, les montagnes, et les plaines céréalières où
pullulent les campagnols. Son territoire varie de quelques ares à 2
hectares.
La Belette fréquente aussi bien les milieux ouverts que les milieux fermés
de plaine et de montagne. On peut l'observer près des habitations, sur les
chemins, le long des murs, des haies et des broussailles.
Les
effectifs de Belette varient considérablement, mais leurs fluctuations semblent suivre fidèlement l'évolution du nombre de rongeurs dont elle se nourrit
préférentiellement. Sa présence est liée
à l'abondance de ses proies. Certains individus sont sédentaires, d'autres
erratiques.
3 - Habitat et utilisation du milieu
La Belette peut s'installer et vivre dans tous les environnements naturels, sauf dans les
grandes zones humides. On la rencontre donc à peu près dans n'importe quel
biotope, comme l'Hermine (mais à la différence
de cette dernière, elle évite les terrains humides).
La Belette fréquente
régulièrement les lisières de bois, les prés, les talus, les bords de
fossés, les haies, les buissons, les
broussailles, les vergers, les parcs, les champs et les bois. On peut l'observer
près les villages et des fermes, dans les
montagnes et les plaines. Elle préfère les zones cultivées,
partout où il y a des proies à chasser.
La petite taille de la Belette lui
permet de se glisser dans les galeries de rongeurs et de s’installer dans le terrier de petits rongeurs qu’elle a
dévoré. Sinon, elle établit son gîte sous un tas de pierres, dans un
trou de mur, dans une souche d’arbre ou entre les racines, ou dans une meule de foin. Le
gîte est garni de poils et de plumes.
Elle s'installe selon l'abondance
des rongeurs et en fonction des compétiteurs et de ses ennemis potentiels.
Tous les autres prédateurs (Renards, Buse, Faucon crécerelle) ont besoin d'un minimum d'abris
naturels (haies, buissons, talus, ronciers, ....) pour se dissimuler, gîter et
se reproduire. En revanche, la Belette peut survivre dans des endroits totalement
désertiques, telles les grandes plaines céréalières, justement où produisent les
plus redoutables pullulations de campagnols (exemple de Hesbaye en Belgique,
Wallonie).
4 - Alimentation
Régime et comportement alimentaire
La taille et la morphologie de la Belette en font un prédateur spécialiste de petits
rongeurs.
Elle peut en effet s'insinuer
dans leurs galeries les plus étroites (3 à 4 cm lui suffisent) et dévorer les
occupants.
Elle chasse donc presque exclusivement des petits rongeurs, essentiellement des Campagnols des
champs, en les poursuivant jusque dans leurs trous. Elle peut tuer également
et exceptionnellement quelques lagomorphes (jeunes lapereaux capturés au nid ou juste après leur
sevrage, Delattre, 1987) ou de petits oiseaux (0 à 19 % des régimes observés (Perrins, 1965 ;
Dunn, 1977)). Son menu spécialisé peut être occasionnellement complété par
des insectes, des invertébrés (vers de terre),
des mollusques, des amphibiens ou de petits reptiles (lézards). Mais les
petits rongeurs constituent invariablement les proies principales de la Belette.
Les insectivores (Taupes et Musaraignes) sont rarement consommées (Erlinge,
1975).
La Belette est fréquemment présente près des habitats humains, mais elle n'attaque que très rarement
les animaux domestiques. Ce sont en fait les rongeurs anthropophiles (souris
grises) qui
l'attirent au voisinage de l'homme.
La taille des proies varie selon le sexe de
l'animal et atteint des dimensions plus grandes chez les mâles, en relation
avec leur taille plus forte.
Tous les spécialistes sont unanimes : La belette est “inféodée aux petits rongeurs et, en particulier, sous nos contrées, ...au
campagnol des champs...Les petits rongeurs représentent presque la totalité
des proies consommées (58 à 99%) ...”
Bulletin mensuel n° 98 de l’Office
National de la Chasse.
Cette dépendance est telle qu'une population abondante de
rongeurs est le facteur
essentiel conditionnant sa présence (Delattre, 1987).
La Belette constitue souvent des réserves de proies à proximité
des gîtes (Heptner et Naumov, 1974).
5 - Comportement
La Belette est surtout nocturne, comme les autres Mustélidés, mais son rythme d'activité
est aussi bien diurne que nocturne, durant toutes les saisons.
Elle est donc très active aussi pendant le jour, et chasse souvent des
petits rongeurs
durant les heures les plus chaudes.
La Belette est solitaireet ne tisse aucun lien avec les autres
adultes.
La sveltesse de ce petit mustélidé alerte et rapide lui permet de se faufiler
rapidement dans une galerie de rongeur. La Belette
passe donc une bonne partie de son temps sous terre, y chasse, s'y réfugie à la
moindre alerte et y établit même son nid.
Elle se redresse
parfois à la verticale pour observer les alentours (position en "I").
La Belette est une espèce très courageuse, elle n'hésite pas à faire face à des animaux bien
plus forts qu'elle. Une femelle défend sa progéniture même contre un
homme.
6 - Les sens
La vision de la belette est adaptée à la chasse de la nuit et de jour,
et lui permet de bien distinguer les formes.
La Belette est aussi
capable d'entendre les ultra-sons jusqu'à 61 khz.
Cette espèce siffle, crache
et pousse des petits cris aigus pour donner l’alarme, des cris perçants pour
intimider.
7 - Traces et empreintes
grandeur nature
Les empreintes de Belette sont très petites, rares, marquant mal à
cause du faible poids de l'animal (50 à 120g). Sur chaque patte, on observe 5 marques de pelotes en
cercle, avec
des griffes.
Patte antérieure 8mm de largeur x 11mm de longueur.
Patte postérieure 10mm de largeur x 13mm de longueur
Dessins: Volcelest
La pistes de la Belette peut présenter deux types de
bonds. Les bonds normaux mesurent environ 20 cm, 30 cm à
découvert et 50 cm lors de la fuite.
La voie mesure de 2 à 3 cm de largeur.
La Belette se déplace seule en sautant, en grimpant et en courant vite
sans aucune difficulté. En une seule nuit, elle peut parcourir 2 km.
Les laissées de la Belette mesurent de 2 à 3 mm de diamètre et 50
à 80 mm de long. Les crottes sont effilées à une
extrémité, de forme torsadée au bout, sans odeur, de couleur gris foncé.
Elles peuvent contenir des
poils, des plumes, des os de rongeurs. Elles sont déposées sur une butte (marquage territorial)...
mais une motte de 3 cm de haut peut suffire.
8 - Cycle de reproduction
Les Belettes mènent une vie solitaire, mis à part pendant la période de
reproduction. L’accouplement des Belettes a lieu au printemps. Il semble que la Belette puisse se reproduise en n'importe quelle saison de
l'année.
Fait exceptionnel chez les carnivores, il y a soit une seule portée par an (les mauvaises années), soit de
deux portées par an (les années riches en
campagnols). La Belette est vivipare ( les bébés naissent déjà
formés). La gestation dure 5 à 6 semaines. La reproduction s'effectue entre le mois d'avril et le mois
d'août, avec 4 à 8 jeunes par portée (parfois 2 à 10) qui naissent en
été. La femmelle met bas dans un nid souterrain, fait de de feuilles et d'herbes sèches dans un trou,
un arbre creux ou sous un tas de pierres.
Les petits restent quelques temps avec leur mère, ouvrent les yeux à 4 semaines, et
sortent peu après pour la première fois du nid pour se disperser. Ils s'émancipent à l'âge de
12 semaines.
Le nombre de jeunes varie énormément selon les régions et les années. Il
fluctue avec le nombre de rongeurs disponibles et
atteindra un maximum lors des grandes pullulations. Le chiffre moyen varie de 3
à 9 petits qui sont allaités 3 à 6 semaines ou plus (Delattre, 1987).
9 - Age des animaux
La longévité maximale de la Belette est de 7 ou 8 années environ. Toutefois, la mortalité annuelle
moyenne établie varie de 75 à 90 % de la population (King 1980). La forte
capacité de reproduction de la Belette est donc limitée par une forte mortalité annuelle.
Très peu
de Belettes survivent à leur première année.
10 - Démographie et dynamique des populations
La densité des populations de Belette varie selon des cycles pluriannuels
(alternances
régulières de densité) selon les régions, tous les 2 à 4 ans.
De fortes densités de Belettes (30 individus par km2)
accompagnent de fortes populations de campagnols agrestes ( Microtus
agrestis) (de 100 à 450 individus/hectare) selon Lockie (1966). A
l'inverse, il y a peu de Belettes (moins de 0,2 individus/ km2)
durant les phases de faible densité de rongeurs. Les proies et les prédateurs
sont ainsi fortement corrélés. Pendant un même cycle et dans un même site, les densités
varient de 1 à 100 (Delattre, 1987). Le
délai de réponse des effectifs de la Belette à une augmentation de densité de
Microtus est
inférieure à 1 an. Lorsque les densités de Belettes sont parvenues à un
niveau élevé, une chute brutale de ces densités succède à la phase de
déclin de la proie, même en présence de proies de remplacement.
Le nombre des jeunes Belettes est très dépendant de la quantité de petits rongeurs présents et varie de
8 à 10 lors des “années à Campagnols”. Si la nourriture
est rare, la reproduction est retardée voire annulée, ou ne compte que 4 a 5 petits.
Le maintien des petits rongeurs à des niveaux raisonnables de
densité fait intervenir un mécanisme entre proies et prédateurs qui met en
jeu simultanément plusieurs espèces de carnivores complémentaires:
- Les prédateurs spécialistes ( Belette, Hermine) jouent un rôle déstabilisant
sur les
populations de rongeurs lorsque ces derniers pullulent.
- Les autres
carnivores généralistes (Renard, Buse...), qui consomment aussi
d'autres proies que les rongeurs, jouent un
rôle régulateur durant les phases de déclin et quand les proies ont de faibles densités (Fitzgerald,
1977).
Ainsi, ils maintiennent à un bas niveau les effectifs de rongeurs et retardent le développement d'une nouvelle
pullulation.
11 - Prédateurs naturels
La Belette possède des glandes anales aux sécrétions répulsives, mais
elle a cependant de nombreux ennemis naturels. C'est principalement le cas du Renard, du Chat sauvage (et des chats domestique et haret), ainsi
que des autres
mustélidés : Fouine, Putois (Erlinge et al., 1982).
Elle est rarement au menu
des oiseaux rapaces : Buses, Autours, Chouettes hulotte et Chouette effraie, Hibou
grand-duc....(Powell, 1973 ; Delattre, 1987).
12 - Chasse et piégeage
La Belette ne commet pas de dommages à la faune sauvage (elle ne touche pratiquement jamais aux
lapins, sauf aux jeunes),
ni sur les volailles dans les basses-cours. Occasionnellement, elle
prélève quelques proies dans les petits élevages et ne fait que de rares incursions dans les poulaillers et les
pigeonniers. Elle n'est pas non plus responsable de la diminution massive des
perdreaux.
Cependant, l'espèce peut actuellement être chassée ou piégée en France.
Selon l'arrêté
ministériel du 7/11/2002, la Belette est "espèce nuisible" comme la
Martre et le Putois !
13 - Mesures de protection
Il n'y a actuellement aucune menace particulière sur la Belette en France.
Actuellement, cette espèce est seulement partiellement protégée. En
France, elle peut en effet être capturée sous certaines conditions, mais
son transport et sa naturalisation sont interdits. La Belette figure en Annexe III
de la Convention de Berne.
Malgré sa réelle utilité, la Belette est encore aujourd'hui fortement calomniée, on la persécute partout et
en tout temps. C'est pourtant un prédateur des souris et des rats (qui s'attaquent à la volaille, au gibier
et aux oiseaux), et elle détruit des quantités énormes de campagnols et de
rongeurs nuisibles (qui s'en prennent aux cultures). Au vu de son alimentation
spécialisée, la Belette ne devrait donc pas être classée parmi les espèces
nuisibles. Un déclassement de la liste des nuisibles serait même
fortemement
souhaitable.
Malheureusement, certains chasseurs ou piégeurs ignorent les travaux scientifiques
sur l'alimentation de la Belette et continuent de croire aux vieux préjugés.
La destruction inconsidérée des Belettes pose pourant des problèmes écologiques, car l'absence de prédation
favorise la pullulation des rongeurs (mulots
et campagnols des champs). La Belette, espèce utile, devrait logiquement être
tolérée et même être protégée.
14 - Photographies de Belettes d'Europe
La Belette est discrète et passe donc généralement inaperçue. Mais
elle est assez curieuse et peut être observée plusieurs minutes, à distance,
sans prendre la fuite. La plupart des observations sont furtives. Les photos
ci-dessous sont prises dans un pré où abonde le Campagnol terrestre.
Course d'une Belette dans la neige (C. Rolland
2006)
Déplacement par bonds de 40 cm environ. La queue n'a pas de noir au bout.
Pelage de la Belette (C. Rolland 2006)
Dos brun foncé, ventre clair et limite entre les deux irrégulière
Belette (C. Rolland 2006). Noter la tache
sombre sur la joue.
Belette (C. Rolland 2006) Remaquer la
très petite taille, les oreilles peu visibles, le ventre blanc clair, le
dos brun (même en hiver).
15 - Bibliographie:
Encyclopédie des carnivores de France.
Documents de l'ONCFS.
Delattre (1987).
MICMACHER Carole,
GRANDCOLAS Stéphane (1991). Atlas zoologique. Toutes les espèces animales d'Europe.
Comptoir du livre, Créalivres, Paris. 343 p. ISBN
2-86721-235-9.
16 - Pages de sites internet
La protection de la Belette, espèce utile qui mériterait
d'être déclassée "nuisible" (ligue ROC).