Amphibiens de Rhône-Alpes |
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Sonneur à ventre
jaune
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Famille
des Discoglossidés (Discoglossidae), super-famille des Archeobatrachia,
classe des Amphibiens, ordre des Anoures.
En Isère (38)
la carte de
répartition signale le Sonneur à ventre jaune dans 9 communes.
Répartition
En Europe, le Sonneur à ventre jaune n'a recolonisé qu'une aire réduite
à partir refuges glaciaires (probablement dans les Balkans). Il ne dépasse
pas une ligne allant de la Frise à la Moldavie, n'atteint pas la péninsule
Ibérique, ni la plupart des îles méditerranéennes. Sur ses limites
orientales, il s'hybride avec le Sonneur à ventre de feu qui le remplace
plus à l'est. On le rencontre dans les Balkans, en Allemagne et jusque dans
les Pyrénées, aussi bien à 200 mètres qu'à 1600 m d'altitude.
Il vit dans des eaux peu profondes et apparaît temporairement dans de
petites flaques. Cependant, il préfère à la plaine les collines et
montagnes d'altitude moyenne.
- En Suisse on le trouve également dans les zones les plus basses.
- En Allemagne, on le nomme également le «sonneur des montagnes».
- Les Pays-Bas
et la Belgique sont en limite nord-occidentale de son aire de répartition.
- Dans la majeure partie de la France, il occupe les eaux stagnantes situées à proximité de bois et bien
ensoleillées. Il est cependant rare
dans le Sud-Ouest, et plus fréquent dans l'Est et le Nord-Est du pays.
Description
Ce petit crapaud aquatique, très verruqueux, a un corps trapu et
aplati, un museau arrondi, des yeux
proéminents avec une pupille en forme de coeur.
Un adulte mesure de 40 à 55 mm environ, pour un poids de 4 à 12 g. Le dessus est brun gris ou
olivâtre, terne, souvent à taches foncées entremêlées, avec de
nombreuses verrues munies d'aiguilles cornées (chaque verrue porte un
pore, et une épine chez le mâle).
Le
dessous, les bras et les jambes sont gris-bleu à bleu-noir, avec des taches
jaunes bien visibles mais sans petits points blancs.
La membrane des pattes palmées atteint la pointe des orteils et le bout des
doigts est jaune.
La face ventrale est presque lisse. L'intérieur des pattes et le ventre sont colorés en
jaune vif ou
orangé et gris bleuté, avec de grandes taches noires ou gris bleuâtres
irrégulières. Ceci informe un éventuel prédateur de la toxicité du
Sonneur (couleurs vives aposématiques). En effet, son tégument (glandes
cutanées) sécrète un liquide visqueux à odeur d'ail, irritant pour les
yeux, et répulsif pour les autres animaux. Ses sécrétions sont d'ailleurs
toxiques pour de nombreuses espèces de Grenouilles et Tritons.
La membrane
tympanique n'est pas visible.
Identification
Le Sonneur à ventre jaune a un ventre et le dessous des pattes jaunes tachetés
et maculés de noir.
Les dessins formés par les taches ventrales
permettent de reconnaître chaque individu (comme pour les
Salamandres, les Tritons). La pupille est en forme de coeur. Le dos est
couleur terre et très verruqueux.
Reproduction
La maturité sexuelle du Sonneur à ventre jaune est probablement acquise
vers 2 ou 3 ans. La reproduction de cette espèce, assez tardive, a lieu
d'avril à août, surtout de mai à juillet. L'accouplement est lombaire
(le
mâle embrasse la femelle en avant des pattes-arrière), dans de petits
points d'eau. L'espèce est ovipare.
Dimorphisme
sexuel Les mâles n'ont pas de sacs vocaux. En période de
reproduction, les mâles ont des pelotes cornées noires sur les doigts, les
orteils et les avant-bras. Les femelles sont un peu plus lourdes. Adultes et
jeunes sont semblables.
Ponte
Après l'accouplement, une femelle peut pondre plusieurs fois des oeufs
isolés ou groupés en paquets d'une vingtaine, déposés sur les parties
immergées de brindilles et plantes aquatiques, ou dans le fond des mares. Il
y a 3 à 4 pontes par an, chacune comptant de 80 à 100 oeufs. La femelle
choisit de petits points d'eau, la présence de végétation aquatique ne
lui semble pas indispensable.
Par contre, les mares qui ne sont pas occupées par d'autres amphibiens
semblent préférées.
Habitat
On rencontre le Sonneur à ventre jaune dans les plaines alluviales et tous
les petits points d'eau peu profonds en forêts humides, ou tout au moins à
proximité d'un couvert végétal (mares de prairie ou de carrières peu
éloignées des bois). Il apprécie les flaques dépouillées et les fossés
plus ou moins temporaires, les mares boueuses, en eau stagnante,
les ornières situées
en forêt, les flaques et mares forestières, les carrières, les marais
parsemés de plantes aquatiques, les abreuvoirs et même dans les gouilles
au bord des routes ainsi que dans les ruisseaux. On le rencontre aussi dans
les flaques d'eau des forêts touffues. Les fossés en bordure des chemins
sont très fréquentés.
- D'autres populations dans les Alpes ou dans le
Massif central vivent dans les vasques d'eau au bord des torrents.
- On le
rencontre souvent à basse altitude en Europe occidentale (jusque 700 m en
France, maximum 2100 m dans les Balkans).
Chant du mâle
Le mâle coasse souvent en flottant jambes
écartées à la surface
de l'eau. Son cri discret
n'est pas très fort, il n'est audible qu'à une dizaine de mètres seulement. Il est donc difficile à localiser malgré de petites vagues qui
indiquent sa provenance (remous causés par
sa plongée). Le son est une succession de petits cris plaintifs ("hou hou hou"). Il est mat et agréable,
musical (d'où le nom de l'espèce 'sonneur'), émis à la cadence d'un ou deux appels
par seconde, plus rapidement s'il fait chaud. Il est émis pendant la période de reproduction au
printemps (d'avril à août), de jour
comme de nuit, mais c'est le soir qu'il se fait entendre le plus. Pendant la période de reproduction, les mâles se placent
à une certaine distance les uns des autres pour chanter et éloignent leurs
rivaux à coups de patte.
Comportement
Le Sonneur à ventre jaune est aquatique, plus actif de nuit mais
s'observe couramment de jour. On peut le voir se laissant flotter à
la surface des petits points d'eau, jambes écartées. Il nage très bien la brasse avec les
pattes arrières et disparaît rapidement sous l'eau où il s'envase lorsqu'il se
sent en danger. Il reste longtemps dans ou près des points d'eau. Il est
presque exclusivement aquatique. On peut le voit surtout le soir,
car il vit caché la journée.
Le
Sonneur à ventre jaune se retourne et exhibe ses couleurs ventrales voyantes
pour avertir
un éventuel prédateur
de son caractère venimeux suintant à fleur de
peau.
Hibernation
Le Sonneur à ventre jaune ne quitte le
milieu aquatique qu'en septembre ou octobre pour hiberner sous les feuilles
ou dans les anfractuosités du sol (jusqu'à 70 cm de profondeur), enfoui
dans la vase, sous des pierres, des racines.
Son
hibernation est assez longue, d'octobre à fin mars - avril. Il sort
relativement tard (à la mi-avril) de sa cachette hivernale située dans le
sol. Certains abris sont à la fois utilisés en été, et pour hiberner.
Longévité
Elle peut atteindre 36 ans en captivité, mais elle est
évidemment beaucoup plus courte en milieu naturel (probablement de 4 à 5
ans).
Déplacements
et migrations Les adultes, peu mobiles, ne s'éloignent que de
quelques centaines de mètres de leur site de reproduction. Les juvéniles
et les subadultes se déplacent davantage, à la recherche de nouveaux
sites. La distance de dispersion maximale connue est de 4 km.
Alimentation Le
Sonneur à ventre jaune se nourrit de divers petits invertébrés: vers de
terre, limaces, crustacés, surtout des petits mollusques terrestres
et aquatiques, insectes, petits coléoptères,
collemboles.
Les
têtards sont roussâtres, ponctués de brun,
végétariens, et consomment des algues et diatomées. Ils peuvent
atteindre 5 cm.
Le Sonneur à ventre jaune affectionne surtout les eaux peu étendues, peu
profondes et temporaires, aux abords dégagés (végétation peu
abondante). Se réchauffant vite, elles peuvent ainsi assurer le
dévelopement des têtards. L'incubation est rapide (8
jours).
Les
jeunes: La sortie de juvéniles se produit de juillet à
septembre (selon la chaleur de l'été), la métamorphose survenant après
environ 2 mois de vie larvaire quand les têtards mesurent de 3 à 5
cm.
Les
prédateurs Le Sonneur est protégé par son venin contre de
nombreux prédateurs, mais serait toutefois consommé par plusieurs rapaces
(Chouette hulotte). Il se retourne sur le dos (concave) s'il est inquiété,
avec les pattes antérieures devant les yeux, les pattes postérieures dans
le dos, et sécrète un venin.
Potection et statut
Cette espèce menacée est inscrite à l'annexe 2 de la Directive
Européenne (92/43/CEE) sur la conservation de la faune sauvage (espèces
animales d'intérêt communautaire qui nécessitent la désignation de ZSC),
inscrit à l'annexe 2 de la directive "habitats" et de la
convention de Berne (engagement à protéger son milieu de vie), et inscrit
dans la liste des espèces prioritaires du Plan d'action national pour les
reptiles et les amphibiens en Belgique.
- Il est intégralement protégé en Wallonie (Natura 2000), en Flandre
(depuis 1980) et doit faire l'objet d'un plan de conservation
particulier.
- En France, le Sonneur à ventre jaune est également protégé par
l'arrêté du 22 juillet 1993 (article 1), la directive habitats (annexe
II-IV), et la convention de Berne (annexe II). Cette espèce est vulnérable
en France et en région Rhône-Alpes.
Menaces
Cette espèce est menacée par le comblement des mares (remplacées par des
citernes), le curage ou le drainage intempestifs des fossés forrestiers, le
débardage fréquent des bois en toute saison, particulièrement pendant la
période de reproduction, avec de gros engins. Le tarrissement des petites
mares, flaques et fossés drainées lors d'années humides détruisent ses
milieux de vie plus ou moins temporaires.
- Il n'y aurait plus suffisamment de nombreuses petites mares proches (ses
populations sont isolées et réduites).
- Des facteurs climatiques ont
également pu le défavoriser (faibles températures, pluies insuffisantes,
moindre ensoleillement?).
Populations
La régression du Sonneur à ventre jaune est générale en Europe ainsi
qu'en France où il se fait de plus en plus rare. Il a disparu de Flandre
après 1981 (provinces d'Anvers et du Brabant, Fourons). En Wallonie, les
populations des provinces de Namur et Liège se sont éteintes après 1987.
(Les sites belges se trouvaient tous en Haute Belgique). Le Sonneur subsiste
encore en Allemagne à proximité de la Wallonie (régions d'Aix-la-Chapelle
et Bonn).
Bibliographie
MATZ Gilbert, WEBER Denise (1999). Guide des amphibiens et reptiles
d'Europe. Les 173 espèces européennes. Ed: Delachaux et Niestlé,
Lausanne, Paris. 292 p. ISBN 2-603-01118-9.
Sonneur à ventre jaune, Sonneur à pied
épais
Yellow-bellied Toad
Gelbbauchunke
Ululone a ventre giallo
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