Amphibiens de Rhône-Alpes |
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Salamandre tachetée
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Famille
des Salamandridae (Classe des Amphibiens, ordre des Urodèles).
En Isère (38)
La
carte de répartition de la Salamandre tachetée la signale dans 50
communes.
Répartition
: L'espèce est commune dans toute la France, dans beaucoup de régions forestières et
humides y compris en Corse.
Description
La Salamandre tachetée mesure de 12 à 20 cm de long. Sa peau lisse et
luisante est noire avec des bandes ou taches jaunes ou oranges, irrégulières, plus ou
moins larges et nombreuses sur le dessus, comme une peau de banane très mûre. Le ventre est plus clair, grisâtre,
parfois piqueté de points clairs. La tête est large, avec de grosses glandes
parotoïdes à l'arrière, bien visibles, le museau arrondi et les yeux saillants très noirs.
Les doigts et les orteils sont libres. Le corps ferme et trapu a un aspect
boudiné avec des sillons verticaux plus ou moins distincts sur les côtés et
autour de la queue, dont la section est circulaire. La queue est ronde. Cette espèce peut vivre une
dizaine d'années. Son venin est sans danger pour l'homme, simplement irritant pour
les yeux.
Identification
: La Salamandre tachetée a une "peau de banane"
jaune et noire caractéristique et ne peut être confondue.
Ses larves se distinguent de celles de Tritons par la présence d'une petite tache
jaune clair à la base de chaque patte. La queue est ronde (les Tritons
ont une queue aplatie).
Dimorphisme
sexuel. Il est peu marqué : Le mâle a un tronc plus court et
plus svelte, des pattes plus longues. Son cloaque est une fente
longitudinale présentant deux paires d'épaisses lèvres cloacales, tandis que
celui de la femelle ne dispose que d'une seule paire de lèvres, plus minces. Le dessin formé par les taches jaunes sur fond noir permet de
reconnaître chaque individu (comme chez le Sonneur à ventre jaune, le Triton
crêté).
Reproduction
: La recherche des partenaires se fait à
l'automne, et l'accouplement a lieu au sol entre septembre et mai selon les régions.
La femelle ne s'approche de
l'eau que pour y pondre, sans jamais s'aventurer en eau profonde,
car elle nage mal et peut se noyer. Elle choisit des bords des ruisseaux et des flaques
d'eau. La gestation dure de juin à fin septembre ou avril de l'année suivante.
Ponte
:
Les femelles,
ovovivipares, déposent au printemps de 30 à 40 (10 à 50) larves de 20-30 mm dans
les ruisselets forestiers calmes, à l'eau fraîche et oxygénée, les eaux stagnantes, les
mares naturelles et artificielles, les bassins de décantation, les eaux
souterraines. La membrane autour de chaque larve se déchire avant
ou après la ponte. Les larves nagent immédiatement et sont pourvues de branchies
externes.
Habitat
:
On observe cette espèce dans les forêts feuillues humides et
ombragées de
moyenne altitude, également en forêt résineuse et les forêts mixtes. Elle fréquente les bois humides au sol
moussu, se cache sous les pierres et les vieilles souches, dans les vieux murs, les
anfractuosités humides et les sites souterrains naturels ou artificiels. C'est
le batracien le plus observé dans nos grottes. Elle atteint 1000 à 1800 m
d'altitude. Elle ne s'éloigne jamais beaucoup des ruisseaux, des sources
forestières, des flaques ombragées en forêt ou des zones un peu boisées ou vivent les larves, parfois déposées dans des lacs ou des mares.
Elle aime un sol recouvert de mousses et de feuilles mortes.
Comportement. La Salamandre tachetée
gîte dans une anfractuosité dans le sol,
sous une pierre ou un bois mort. Elle est plutôt nocturne et sort surtout après la
pluie. Ses moeurs sont particulièrement terrestres, comme son surnom
l'indique. Elle est ordinairement calme, mais peut faire des mouvements
rapides à l'oocasion. Le jour elle se cache sous des pierres et la mousse.
Hibernation.
Les jeunes et
adultes mènent une vie hivernale ralentie en fonction de la température, mais
sans léthargie profonde, entre octobre et mars.
Alimentation. La Salamandre adulte est très vorace, et consomme surtout des lombrics (jusqu'à 15 à 20 cm de long) qu'elle capture aisément, et toutes sortes d'autres invertébrés (limaces, insectes, araignées, mollusques et myriapodes).
Les larves: Elles sont très voraces, souvent cannibales, et dévorent
quantité de tubifex, chironomes et autres
animalcules. Leur tête est grosse et aplatie, ornée de trois paires de branchies
externes plumeuses, quatre petites pattes et une queue aplatie latéralement. Une crête dorsale prolonge la membrane caudale.
Prédateurs des larves: Les larves sont dévorées
par des insectes aquatiques (Dytique), par des larves de Libellules, des
poissons (Truites), des oiseaux d'eau, la Couleuvre à collier... parfois même
par canibalisme.
Prédateurs des adultes: Des petits carnivores (Hérisson, Blaireau),
la Couleuvre à
collier, et très exceptionnellement des rapaces nocturnes (Chouette chevêche...)
ou des Buses peuvent prendre la Salamandre pour proie, malgré son venin. La
Salamandre peut aussi se faire écraser sur les routes par divers
véhicules.
Les jeunes: Les larves quittent le milieu aquatique pour devenir
terrestres 3 à 4 (6) mois après la ponte. Les
jeunes mesurent alors entre 4 et 6 cm et ressemblent aux adultes.
Mythologie: Dans l'Egypte
ancienne, la Salamandre dessinée en hiéroglyphe représentait un homme mort de froid.
Noire et jaune, nocturne, appaissant soudain après les pluies, la
Salamandre inquiétait. Les croyances populaires en ont fait un animal
pouvant
traverser le feu sans se brûler, l'accusaient d'être venimeuse, d'empoisonner
les ruisseaux et la croyaient capable d'éteindre le feu par projection de son venin.
Les alchimistes en ont fait un symbole. C'était aussi l'emblème
par François 1er, (au 16ème siècle) représenté à Chambord de plus de
330 façons
différentes, avec la devise nustrico et extinguo (je nourris [le
feu] et je
l'éteins")
Protection et statut: L'espèce est en régression modérée à forte selon les
régions, à surveiller en France. Elle est protégée en France par
l'arrêté du 22 juillet 1993 (article 1), et par la convention de Berne
(annexe III).
Bibliographie MATZ Gilbert, WEBER Denise (1999). Guide des amphibiens et reptiles d'Europe. Les 173 espèces européennes. Ed: Delachaux et Niestlé, Lausanne, Paris. 292 p. ISBN 2-603-01118-9.
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